Sélectionner une page

Commençons ici !

Vous savez, ce sentiment qu’on a en s’offrant un nouveau carnet ? Le sentiment qu’on commence quelque chose de nouveau, qu’on prend un nouveau départ. C’est exaltant. C’est aussi intimidant. Parce qu’en effet, tout reste à écrire. Vous savez, ce sentiment qu’on a devant la page blanche ? On espère faire les choses bien et on découvre cette peur, presque paralysante, de ne pas réussir. Mais il faut bien commencer quelque part, non ? Donc c’est parti, commençons ici !

Ceci est une histoire de découverte des grands espaces. Et d’apprivoisement de l’univers outdoor. C’est une histoire qui raconte comment apprendre à faire confiance au processus. C’est inconfortable et parfois c’est difficile. C’est les premiers kilomètres après que l’on se remette à la course à pieds. C’est les jours sans et les retours en arrière: quand quelque chose qui nous semblait facile hier ne l’est plus aujourd’hui. Mais ça en vaut la peine. C’est une histoire qui va au-delà des frustrations et des peurs. Elle raconte les difficultés et les récompenses. Ce qui vient après. La raison pour laquelle on continue. L’euphorie du coureur à pieds. L’état de flow. La sensation d’être exactement où on devrait être. Je suis tombée amoureuse de la montagne parce qu’elle me fait me sentir présente et en phase avec moi-même. Les montagnes me donnent une leçon chaque fois (ou presque) et me font grandir. Elles m’apportent un incroyable terrain d’expression ainsi qu’une source d’inspiration qui semble inépuisable.

Je suis tombée un nombre incalculable de fois et me suis relevée, pour retomber la minute suivante. J’ai été paralysée par la peur en haut de la pente que je devais skier et attendu pendant une éternité avant de me lancer. Mon dos a été trempé de sueur à de nombreuses reprises. J’ai eu trop chaud et très froid. Je suis entrée dans une salle d’escalade où des grimpeurs étaient suspendus à des prises ridiculement petites sur des routes surplombant la salle, me donnant instantanément envie de repartir en courant. J’ai fait des randonnées où j’avais envie de jurer à chaque fois que je mettais un pieds devant l’autre en descendant des pentes raides couvertes d’éboulis. J’ai des-escaladé des sentiers alpins exposés, en ayant l’impression de n’avoir rien d’autre que de l’air sous mes pieds et en me demandant ce que je faisais là. Je ne peux pas compter le nombre de fois où j’ai eu les larmes aux yeux.

Nevin dans les Alpes uranaises. © 2019, Justine Le Cam.
A Diavolezza, devant la chaîne de la Bernina. © 2019, Nevin McCallum.

Et pourtant j’y retourne. Encore et encore. Ce blog est une ébauche de récit, en mots et en images, des raisons qui me font revenir. C’est une tentative d’explication, autant pour moi que pour les autres, de ce sentiment d’appartenir qui me submerge à chaque fois. Regarder le soleil se lever sur des sommets lointains, être tous seuls sur des kilomètres à la ronde, sortir d’une couche d’inversion et voir les montagnes apparaître tout autour de soi, skier de la poudreuse, regarder le brouillard se lever sur la forêt, réussir le problème en escalade de bloc, suivre la trace en ski de randonnée et entendre seulement le chant des oiseaux, trouver le rythme qui te donne l’impression que tu pourrais courir pendant des heures, traverser un glacier sous un ciel bleu, trouver la force de continuer quand ta peur te dit de faire demi-tour, absorber la grandeur des montagnes.

Randonnée à ski au Winterhorn. © 2019, Justine Le Cam.

Le titre de ce blog est un clin d’œil à la dichotomie que je ressens dès que je suis dans les montagnes, entre émerveillement et appréhension. Le week-end de mon 27ème anniversaire, mon copain m’a emmenée faire ma deuxième randonnée à ski. Nous sommes montés sous un ciel bleu radieux, et nous étions pratiquement tous seuls. Avant la descente, nous nous sommes arrêtés un long moment, pour profiter du soleil et de la vue. C’était comme si le temps s’était arrêté, nous étions juste tous les deux avec les sommets enneigés tout autour de nous. La neige étant assez dure et affectée par le vent, la descente à ski se révéla plus difficile et moins plaisante que la montée. J’étais crispée et lente, réfléchissant avant chaque virage, ce qui m’amena à marmonner cette phrase à Nevin: chaque virage est une aventure (Every turn is an adventure). Malgré la descente plutôt inconfortable, ce jour reste l’un de mes meilleurs souvenirs dans les montagnes.

Cet espace a pris plusieurs mois à se construire. Mais à un moment, il faut lâcher prise et accepter les imperfections. Je dois remercier Nevin pour m’avoir encouragé, avoir relus mes mots et aussi pour m’avoir gentiment poussé à appuyer sur le bouton de publication. Ce blog est né de l’envie de créer et de partager un journal visuel de mes aventures dans la nature. Ces articles ne sont pas des guides ou même des comptes rendus de sorties. Ils sont le reflet de mes sentiments et de mes pensées quand je fais des choses dehors. Faire ses premiers virages à ski, entrer pour la première fois dans une salle d’escalade, acheter sa première paire de crampons. Ce sont des expériences intimidantes et le but de ce blog est de les partager. Les moments pas si glorieux, les petites victoires et les instants de bonheur intense. J’espère que vous vous sentirez inspirés.

En direction du Matterhorn. © 2019, Nevin McCallum.

Commentaires

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *