Camping hivernal et randonnée à skis du Lachenstock – 27 et 28 février 2021
Je regardais devant moi, les yeux plissés pour tenter de déterminer l’aspect du terrain et comment aborder la prochaine pente. J’aurais exécuté cet exercice sans réfléchir par une journée ensoleillée, mais aujourd’hui cet effort commençait à m’oppresser. Skis de rando et peaux sous les pieds, nous étions enveloppé d’un épais brouillard. La première partie de la montée avait été facile, sur une route nous connaissions très bien et entourés d’arbres qui donnaient du relief au terrain. Puis, nous avions décidé de pousser un peu plus loin, dans une direction moins familière, mais qui serait un peu plus éloigné de l’itinéraire populaire de ski de randonnée. Nous avions raisonné qu’il nous serait toujours possible de redescendre en skiant si l’endroit ne nous plaisait pas. Mais maintenant, alors que je regardais autour de moi, ayant du mal à voir à plus de quelques mètres, je n’avais aucune envier de skier à l’aveuglette
Nous ne suivons maintenant plus aucune trace et Nevin vérifiait notre position régulièrement. J’étais de plus en plus inquiète. Objectivement, je savais qu’il n’y avait pas de réels risques, nous avions étudié la carte et le terrain était doux. Nous avions tout notre équipement pour camper ainsi que de la nourriture pour la nuit. Et bien sûr, il y avait toujours l’option de skier jusqu’à la voiture. Même si je n’étais pas trop enthousiaste à l’idée de skier dans cet épais brouillard, je savais que c’était toujours une possibilité. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir nerveuse et oppressée par le brouillard. Après avoir contourné quelques petites ravines, Nevin s’arrêta finalement: « Ici! ». Le sol à cet endroit étant plutôt plat, et n’ayant pas l’intention d’aller plus loin dans le brouillard, cela me convenait parfaitement.
Nous nous sommes alors mis au travail pour préparer notre camp: aplanir la neige pour notre chambre à coucher et creuser pour former une « cuisine/salle à manger », afin de pouvoir s’asseoir pour faire fondre de la neige et manger notre diner lyophilisé. Les skis servirent de piquets pour la tente, autour de laquelle nous avions construit un petit mur de neige, pour que la brise ne puisse pas s’engouffrer dans notre palace. Avant d’aller dormir, je glissais autant de choses que possible au fond de mon sac de couchage, dans l’espoir qu’elles soient sèches et chaudes le matin: mes chaussons de ski, mes chaussettes supplémentaires, mes habits, oh! et les cartouches de gaz pour qu’elles ne soient pas trop froides pour cuisiner un petit déjeuner chaud. Nevin remplit ma bouteille avec de l’eau chaude et je la gardai toute la nuit contre mes jambes.
Cette nuit-là je portais des sous-vêtements en merino sous une fine doudoune, des chaussettes et des chaussons en duvet. Mon corps avait plutôt chaud dans mon sac de couchage, mais je sentais le froid sur mon visage. La nuit entière j’alternai entre être allongée sur mon dos, ce qui était plus confortable, et être couchée sur le côté, me permettant de minimiser la surface de mon corps en contact avec le sol froid. Me sentant toujours à la limite d’avoir froid, ce ne fut pas ma meilleure nuit de sommeil, mais ce ne fut pas non plus la pire. Le lendemain, nous en arrivâmes à la conclusion qu’il nous fallait juste investir dans des matelas plus isolants, pour transformer cette expérience en une nuit 5 étoiles.
Lorsque Nevin ouvra la tente le lendemain matin, le ciel était dégagé et la lune se trouvait juste au-dessus de la montagne devant nous, baigné dans la lumière matinale. Après le brouillard de la journée précédente, la vue du ciel bleu fut comme si on avait enlevé un poids de mes épaules. Enveloppés dans nos sacs de couchages, nous avons bu notre café instantané et notre porridge chaud, agrémenté de bananes séchées. Même si le sommeil ne fut pas le meilleur, se réveiller dans le silence des montagnes enneigées semblait être un luxe. Ce jour-là, nous avons caché notre matériel de camping (sauf le réchaud et le gaz) près d’un chalet abandonné, pour le retrouver plus tard. Peaux sous les skis, nous sommes partis pour une magnifique randonnée sous le ciel bleu.
Au sommet, Nevin s’est construit un trône avec les moyens du bord (une pelle, son sac à dos et ses skis). Nous avons allumé le réchaud et avons savouré un festin chaud: un sachet de riz instantané mexicain en profitant des rayons du soleil sur notre peau. La descente sur la neige réchauffée acheva de donner un air de printemps à la journée. A ce moment précis, le brouillard de la veille et le froid de la nuit semblaient déjà des souvenirs lointains, qui rendaient cet instant encore plus savoureux.
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