3 jours passés à explorer les itinéraires de canoë des Haliburton Highlands (Frost Centre Area)
31 Août – 2 Septembre 2021
JOUR1 : Du lac Kennisis jusqu’à Rabbit Lake
C’est le milieu de la matinée lorsque nous chargeons nos sacs à dos et nos sacs étanches dans le canoë et nous élançons de l’embarcadère. Nous trouvons rapidement notre rythme de pagaye et je suis satisfaite du ressenti. Je savoure le sentiment étranger de me sentir enfin à l’aise et non tendue dans notre petite embarcation sur le grand lac. Après avoir atteint le barrage sur la rive opposée, nous déchargeons le canoë pour le porter et le remettre à l’eau dans la rivière de l’autre côté du barrage. L’acte de détacher et sortir nos sacs du canoë, les porter, puis revenir chercher le canoë, le remettre à l’eau et remettre nos affaires dedans va devenir seconde nature au cours de ces 3 jours, où nous allons de lac en lac, avec soit des barrages à contourner, soit des étendues de forêt à traverser. La rivière nous mène au lac Red Pine. Accessible seulement en bateau, il y a quelques chalets sur ses rives, mais beaucoup moins que sur Kennisis d’où nous venons. Je m’imprègne doucement de l’atmosphère de tranquillité qui règne. Cependant nous atteignons rapidement un niveau de quiétude encore plus grand après avoir franchi un second barrage et rejoint les eaux du lac Nunikani. Il n’y a pas d’habitation autour de ce lac, seulement quelques sites de camping, et nous ne voyons personne.
A partir de Nunikani, nous devons faire notre premier vrai portage pour rejoindre le prochain lac. Il est plutôt court, mais le sentier est escarpé et boueux, franchissant plusieurs ruisseaux. Nous faisons un premier trajet avec nos sacs. Le dernier ruisseau parait peu profond, mais dès que j’y mets un pieds, ma sandale s’enfoncent dans plusieurs centimètres de vase. Je grimace. Mais il nous faut retraverser, pour aller chercher notre lourd canoë. Nevin le retourne et le hisse sur ses épaules. Tant bien que mal, je tente de guider l’avant du canoë le long du sentier. Ce portage nous mène à Rabbit Lake, à l’entrée duquel nous trouvons un petit barrage de castors. C’est sur la rive de ce petit lac isolé que se trouve notre site de camping pour la nuit. Nous sommes complétement seuls. Après avoir monté la tente, nous trouvons une branche robuste plus loin dans la forêt pour accrocher notre sac de provisions. Le but est de le garder hors de porter des rongeurs, mais aussi de plus gros animaux (oui, les ours par exemple). Assis sur les rochers surplombant le lac, nous assistons à deux spectacles aériens ce soir-là. Nous avons noté la présence d’un plongeon solitaire, oiseau aquatique emblématique du Canada. Pour s’envoler, il doit faire au moins deux tours du lac en cercle avant de gagner assez d’altitude pour s’envoler au-dessus des arbres environnants. Un peu plus tard, alors que nous regardons le coucher de soleil devant notre feu de camp, un petit avion survole le lac dans le ciel rose-orangé. Le moment est magique.
JOUR 2: De Rabbit Lake jusqu’à Midway Lake
Je passe la nuit à analyser tous les bruits alentours: est-ce que ce froissement des feuilles est en fait le bruit d’un ours qui approche? Quelque chose vient juste de frôler la tente, non?! Le lendemain matin, je suis fatiguée et maintenant que le soleil s’est levé, je n’ai aucune envie de m’extirper de mon sac de couchage chaud et confortable. Je suis anxieuse à l’idée de devoir redescendre le sentier escarpé. Nous avons encore bien des portages à venir et je me demande comment on va se débrouiller avec notre lourd canoë en aluminium. Nevin est bien plus détendu et est déjà affairé à filtrer de l’eau du lac et à préparer une tasse de café instantané et un bol de porridge. J’essaye de m’imprégner de sa joie presque enfantine d’être ici et d’arrêter de penser à ce qui nous attend.
Je tiens l’arrière du canoë et je peux à peine voir où je pose les pieds sur le sentier accidenté. Finalement, nous parvenons à rejoindre le lac Nunikani et après quelques coups de pagayes, nous arrivons rapidement au prochain portage. Nous devons longer une rivière par le sentier, car celle-ci se transforme rapidement en rapides flanquées de petites falaises. J’aide Nevin à hisser le canoë sur ses épaules et à garder son équilibre. J’aimerais pouvoir être plus utile et je commence à être un peu démoralisée par les portages et le poids du canoë. Mais la beauté des falaises autour du lac Big Hawk et les rayons du soleil se reflétant sur l’eau remette un sourire sur mon visage. Alors que nous pagayons sur Big Hawk, un plongeon émerge juste à côté de notre embarcation. Il n’a pas l’air ennuyé par notre proximité et nous passons un instant à l’observer silencieusement.
Pour la seconde nuit, notre site de camping est sur un autre petit lac, auquel nous accédons par des sentiers de portage relativement plats. Nous portons chacun un côté du canoë. Notre progression est lente et nous faisons régulièrement des pauses mais nous arrivons finalement à Midway Lake. Le site où nous campons surplombe le lac, mais l’endroit dédié à la tente est étroit et positionné juste au bord d’une petite falaise. Je note mentalement qu’il faudra faire attention si j’ai besoin de sortir de la tente au cours de la nuit. Alors que la lumière du jour disparait lentement, nous nous asseyons sur le rocher surplombant le lac et nous regardons les étoiles apparaitre.
JOUR 3: A partir de Midway Lake, retour au lac Kennisis
Après 2 jours de très beau temps, nous nous réveillons sous un ciel gris et bas pour cette dernière journée. Nevin savoure l’atmosphère. Même si j’adore une journée ensoleillée plus que tout, je peux comprendre l’attrait: il y a une dimension méditative à traverser des lacs isolés, entourés de forêt, lors d’une journée grise. Pour finir notre boucle, nous avons encore le plus long portage à effectuer, que je redoute avant même d’avoir commencé. Tenant un côté du canoë dans une position plutôt inconfortable, mes bras se fatiguent extrêmement rapidement et je demande à faire une pause bien trop souvent pour avoir l’impression d’avancer. Au milieu du portage, Nevin a la géniale idée d’improviser des poignées avec de la corde et des branches qui trainent dans la forêt. Cela rend la deuxième moitié du portage beaucoup plus simple. Nous traversons une très belle étendue de forêt primaire et je me sens un peu plus légère.
Quand nous sommes partis, deux jours plus tôt, la météo ne prévoyait pas beaucoup de vent. Mais lorsque nous ré-entrons dans les eaux de Red Pine, nous devons nous confronter à du vent et quelques petites vagues. Alors que ça n’a pas beaucoup d’importance sur les petits lacs, le vent devient plus problématique lorsqu’il a de plus grandes étendues d’eau pour prendre de l’ampleur. Nous arrivons vers la fin de notre voyage et nous devons traverser Kennisis Lake à nouveau, dans l’autre direction cette fois. Nous pagayons avec plus de vigueur pour compenser les effets du vent et je me sens vidée de toute énergie. Je me rends compte que cette fatigue soudaine est probablement plus lié au manque de sommeil des deux dernières nuits, que j’ai passé à tendre l’oreille pour écouter la vie sauvage. Ainsi qu’à l’énergie dépensée, mentalement et physiquement, à essayer d’avancer en portant un côté de notre lourd canoë sans voir où je mettais les pieds. Je suis satisfaite de voir le chalet, ainsi que le confort qu’il représente, réapparaitre et je commence à penser qu’en fait, pagayer c’est vraiment la partie la plus facile d’un voyage en canoë.
Waouh , un petit périple qui permet de relativiser et d’évacuer son stress : dur le manque de sommeil …
Mais de belles images et de sensations pour mieux apprécier son quotidien, et, donner l’envie du dépassement de soi .